30 % de la population n’habitait pas encore à Plaisance il y a 4 ans.

Pour ceux-là, et pour ceux aussi qui aimeraient en savoir un peu plus, voici 8 questions que l’on peut se poser pour comprendre comment ce cinéma, créé il y a 36 ans, a pu disparaître.

Petite rappel chronologique :

Septembre 1981 :

Des passionnés de cinéma créent Ecran7. Ils ont pour nom Jean Rouzaud, Etienne Ithurria, Jean-Claude Guédant, Jean-Claude Motron, Alain Trémège, Alain Kippeurt. La liste ne s’arrête pas là.

C’est grâce à eux que le cinéma a pu voir le jour à Plaisance.

Avril 2014 :

Philippe Guyot devient adjoint à la Démocratie de Louis Escoula, maire de Plaisance du Touch.

Octobre 2015 :

L’Association « Oui à Val Tolosa » voit le jour. Philippe Guyot en est le président jusqu’à sa démission en janvier 2019.

Ecran7 reçoit une belle récompense : l’accréditation « cinéma classé Art et Essai, label jeune public » récompensant l’engagement pris auprès de tous les jeunes de la commune

31 mars 2016 :

Signature d’un accord cadre entre le promoteur de Val Tolosa, la préfecture, Georges Méric, président du Conseil départemental, la chambre de commerce et d’industrie et la municipalité de Plaisance-du- Touch.

Cet accord prévoit de créer un cinéma Multiplex Gaumont (11 salles) à Plaisance-du-Touch.

Cette création est une des conditions requises pour que le Conseil départemental rétrocède les routes RD24 et RD82 qui lui appartiennent, à la municipalité de Plaisance. La municipalité pourra alors vendre la RD 24 au promoteur de Val Tolosa, sans laquelle il ne peut pas construire son centre commercial, car elle est sur l’emprise même du projet.

La RD24 : vous savez, cette petite route, au nord des Ocrelines, fermée depuis 8 ans, qui permettait de rejoindre Pibrac sans faire un détour de 2 km et éviter quelques embouteillages …

6 juillet 2016 :

Le Conseil Départemental cède la RD24 et la RD82 à la municipalité de Plaisance-du-Touch qui, à son tour, vend la RD 24 au promoteur.

7 avril 2017 :

Ecran7 gagne son recours contre l’implantation de ce Multiplex Gaumont.

Ce Multiplex ne pourra pas être construit !

29 juin 2017 :

Le conseil municipal vote, à l’occasion d’un appel d’offre, par 25 voix contre 8, l’éviction d’Ecran7 et choisit l’association CAP (constituée de 6 ex-membres du bureau d’Ecran7) pour reprendre le cinéma. Les huit élus de la minorité, menée par Pascal Barbier, ont voté contre. 

Cinq salariés d’Ecran7 sont mis au chômage.

22 juillet 2017 :

Grande manifestation de soutien à Ecran7 dans les rues de Plaisance.

Près de 500 Plaisançois défilent à travers la ville de Plaisance pour protester contre le dessaisissement de l’association Ecran7, cinéma historique de Plaisance, créé 36 ans auparavant.

Août 2017 :

Ecran7 refuse cette éviction et continue d’occuper les locaux. Le cinéma est fermé pendant environ 6 mois.

13 311 personnes signent une pétition pour sa réouverture. En vain.

Février 2018 : Ecran7 libère les locaux. Le cinéma rouvre, repris par CAP.

Aujourd’hui l’association Ecran7 est accueillie à la salle Boris Vian de La Salvetat-St-Gilles où elle projette des films 4 jours par semaine, le mercredi, vendredi, samedi et dimanche.

Quant au projet Val Tolosa, il est à l’arrêt. Et selon les propos de Philippe Guyot, lors d’un récent conseil municipal, il ne se fera pas.


Question 1 :

Début mars 2017 : création de l’association Ciné Arts Plaisance (CAP).

Fin avril 2017 : le maire, Louis Escoula, lance une procédure de mise en concurrence en mettant fin à une convention d’occupation gratuite des locaux de la ville par Ecran7.

Le 29 juin 2017, les 25 conseillers municipaux majoritaires choisissent l’association CAP, mettant ainsi à terre l’association historique Ecran7 à la base de la création d’un cinéma sur Plaisance.

Un trait sur 36 ans d’existence, de travail, de bénévolat, d’efforts, d’enthousiasme désintéressé.

Cinq personnes sont mises au chômage.

Mais comment diable les deux coprésidents de CAP ont-ils eu l’idée de créer une association susceptible de remplacer Ecran7 PLUS DE 2 MOIS AVANT l’annonce officielle de la mise en concurrence ?


Question 2

Les 550 fauteuils et le matériel informatique et de projection (trois projecteurs) étaient la propriété d’Ecran7. Un projecteur coûte 65 000 €. Un fauteuil coûte 100 € minimum. Il faut au moins 250 000 € pour commencer à acheter tout ceci. 500 000 € peut-être même ?

Qui a financé CAP pour démarrer ? 

La mairie a dit qu’elle n’avait pas participé à ce financement.

90 % l’ont été, semble-t-il, par le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). 

Mais qui a payé les 10 % restant ? Un mécène, comme l’avait dit le maire de l’époque à plusieurs reprises ?

Qui était le riche et puissant mécène qui a financé CAP ? 


Question 3 :

En 2010, Ecran7 gagne (déjà !) son recours contre l’implantation d’un Multiplex Méga C.G.R à Roques sur Garonne.

A l’époque, Eric Paviot, coprésident actuel de CAP, était président et membre d’Ecran7 depuis 1997.

« Éric Paviot, du cinéma Ecran7 de Plaisance-du-Touch, a franchi un pas de plus en déposant un recours »

https://www.ladepeche.fr/article/2010/09/30/917081-le-recours-contre-le-cgr-examine-demain.html

Voir aussi : https://noncineroques.blogspot.com/ où Eric Paviot s’exprime contre les Multiplex

Par contre, en 2016, six ans plus tard, M. Paviot devient favorable à un partenariat avec le futur Multiplex de Val Tolosa.

Remarques :

Plaisance-Roques sur Garonne : 14 km. M. Paviot est contre l’implantation d’un Multiplex à Roques.

Plaisance-Val Tolosa : 1 km. M. Paviot est favorable à un partenariat avec le futur Multiplex.

Qu’est-ce qui peut expliquer ce revirement d’opinion ?


Question 4 : les deux co-présidents de CAP (M. Trogneux et M. Paviot) ont été exclus d’Ecran7 en 2016. On apprend, selon un article de la Dépêche, que « ceux-ci ont été écartés de l’association pour une gestion des finances et des décisions de licenciements non conformes aux valeurs de l’association ».

https://www.ladepeche.fr/article/2017/07/15/2612630-le-glas-sonne-pour-ecran7.html

Pourquoi les dirigeants de CAP ont-ils été exclus d’Ecran7 ? Que signifie le terme très policé de « non conformes aux valeurs de l’association ? »


Question 5 : dans un communiqué de CAP sur son site Facebook, on a pu lire : « Dans le premier cas, l’arrivée d’un concurrent dans la même ville, de surcroît un grand groupe, pouvait représenter une inquiétude. Mais le groupe Gaumont-Pathé a transmis une offre de partenariat avec l’association Ecran7, pour une cohabitation équilibrée et réciproque. Néanmoins, n’acceptant pas la moindre forme de collaboration, l’association Ecran7 a, non seulement refusé l’offre, mais elle a aussi attaqué le projet en justice.’

(NDLR : cette proposition de partenariat date de 2016)

Dans une interview donnée à la Dépêche du 12/7/2017 par les deux co-présidents de CAP, on peut lire : « Si un cinéma fait parti du projet Val Tolosa et s’installe sur la Ménude, y serez-vous opposés ? » 

Réponse des co-présidents : « Pour l’instant nous n’avons pas d’information à ce sujet. »

Pourquoi cette réponse alors que les deux co-présidents sont au courant depuis 2016 ?

Sources : facebook CAP Cinéma du 24 octobre 2017

et Dépêche du Midi


Question 6 : CAP a ajouté dans ses statuts le paragraphe suivant sur l’indemnisation des administrateurs : « Les administrateurs peuvent être indemnisés dans le cadre de leur fonction dans la limite de la loi. Cette indemnisation est la même pour l’ensemble des administrateurs »

D’après une étude comparative des statuts des deux associations, ce paragraphe ne figurait pas dans les statuts d’Ecran7.

Que signifie l’ajout de ce paragraphe ?

Dans quelle mesure les administrateurs, alors bénévoles de l’association, peuvent-ils être indemnisés ?


Question 7 : Samedi 1er juillet 2017, deux jours après avoir évincé Ecran7 et retenu CAP, à l’occasion des rencontres « Vos élus à votre écoute », place Bombail, Philippe Cornolo, aujourd’hui membre de Plaisance Citoyenne, interpelle Martin Comas, élu majoritaire et Philippe Guyot, alors adjoint à la Démocratie Participative, sur son incompréhension face à l’éviction d’Ecran7.

L’élu majoritaire finit par lâcher : « De toute façon, nous, on veut Val Tolosa et pour avoir Val Tolosa, il nous faut le Multiplex. »

Rappel : Ecran7 est contre le Cinéma Multiplex et a gagné son recours. La justice a tranché : le Multiplex ne peut être construit. CAP, au contraire, est pour un « partenariat » avec le Multiplex.

Mais alors, comment construire malgré tout ce Multiplex ?


Question 8 : dans le même article de la Dépêche du 15/07/2017, cité un peu plus haut (le-glas-sonne-pour-ecran7.html ), on peut lire aussi ceci :

« Le maire* souhaitait faire accepter à l’association Ecran7 un partenariat avec un multiplex intégré dans le projet du centre commercial Val Tolosa. Il a essuyé un refus, et a annoncé devant les bénévoles qu’il signerait lui-même le partenariat et que si un recours était fait contre le multiplex, il aviserait. »

 (* A l’époque Louis Escoula).

Le recours a bien été déposé par Ecran7, et gagné.

Le maire avait dit qu’il aviserait…

Comment a-t-il finalement avisé ?


2 commentaires

anonymous · 16 octobre 2020 à 17 h 40 min

une autre question = lors de l’appel d’offre CAP a été choisi, officiellement, pour son ‘business plan’. CAP proposait une somme plus importante que Ecran7. Qu’en est-il maintenant ? les versements de CAP à la commune sont-ils à jour ? j’ai posé la question sans jamais avoir eu de réponse. cela devrait être publique.

    Florence Queval · 17 octobre 2020 à 11 h 14 min

    Bonjour

    Le maire vient de signer un accord de renouvellement d’un an de la convention avec Cap Cinéma qui prend effet à compter du 6 juillet 2020. La convention est renouvelable quatre fois, soit jusqu’en 2022.
    Le montant de la redevance annuelle versée par Cap à la commune se compose d’une part fixe de 40 000 € et d’une part variable égale à 1 % du chiffre d’affaires annuel du cinéma jusqu’à 800 000 € HT et 2 % au-delà. En 2020 la Ville a reçu 8 407,70 € au titre de la part variable basée sur le chiffre d’affaires 2019.

    Lors du conseil municipal du 10 juillet dernier, dans le cadre du plan de relance économique, nous avons voté en faveur d’une exonération de loyers de trois mois, soit d’avril à juin 2020, d’un montant de 10 000 euros.

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